10 choses apprises en tant qu’entrepreneur



Hier, jeudi 21 septembre, je me suis prêté à l’exercice périlleux de l’ouverture aux autres. Plus tôt dans la journée, j’avais lu la lettre ouverte de Tonjé Bakan, le fondateur d’AFROSTREAM, dans laquelle il parlait des coulisses de sa boîte et des raisons de sa fermeture. Cela m’a fait penser à la mienne de boîte car, sur bien de points, AFROSTREAM et KUSOMA se ressemblent.
J’ai décidé de ne pas attendre une quelconque fermeture pour m’ouvrir de la sorte aux personnes qui nous suivent. Ne voulant pas écrire un billet sur le sujet, j’ai choisi de faire un thread sur Twitter.
Périlleux, disais-je, parce que les gens ne comprennent souvent que ce qu’ils veulent bien comprendre. Ce qui s’est passé avec AFROSTREAM, certaines réactions des gens, m’ont fait réaliser à quel point nous sommes seuls dans notre monde lorsque nous décidons d’entreprendre. C’est comme un nageur qui aurait décidé de traverser l’océan à la nage pour atteindre une île aux trésors. Il est seul durant sa traversée. Qu’il échoue ou réussisse, le discours sera le même : “on le savait qu’il échouerait”; “on le savait qu’il réussirait”.
Le danger, lorsqu’on décide de s’ouvrir aux gens, c’est qu’on risque de trop en dire. Or, notre pudeur veut qu’on garde secrets les mésaventures qu’on vit et les choses qui ne marchent pas ou n’ont pas marché. Aucune personne n’a envie de dire au monde que sa famille n’a pas eu de quoi manger depuis trois jours et qu’elle traverse la pire des galères. C’est notre pudeur naturelle qui nous empêche de le faire.
Les entrepreneurs ont également la leur, raison pour laquelle ils attendent habituellement que la fin ou la réussite soit une certitude pour raconter l’aventure. Le problème est que je suis le genre d’entrepreneur bavard qui se sent obligé de partager ce qu’il a appris, de bon comme de mauvais, car il fut un temps où lui aussi aurait aimé qu’un entrepreneur bavard lui parle de ce qui se passe dans les coulisses, afin qu’il puisse éviter certains écueils.
Je m’en vais partager avec vous 10 choses que j’ai apprises et comprises en tant qu’entrepreneur et qui, peut-être, je l’espère, vous aideront.
1- Définir dès le départ le type de structure qu’on veut bâtir/lancer
Nombreux sont les aspirants entrepreneurs qui se lancent en disant “nous travaillons sur notre start-up”. La vérité est que la plupart des projets ou boîtes qu’ils appellent “start-up” ne le sont pas. Et le fait de croire être des start-up, alors qu’elles sont des business classiques, leur porte préjudice car, les start-up ont un fonctionnement qui diffère de celui des business classiques.
Une start-up doit absolument penser sa croissance. Et cette croissance doit être exponentielle. Une start-up ne peut pas se contenter de 100 clients. Un business classique, oui. Définir ce qu’on est dès le départ permet de savoir comment on va fonctionner et se donner les chances de réussir. L’erreur serait de croire que les startup sont meilleures aux business classiques, et vice versa.
2- Définir ce qu’est la réussite pour soi
Nous cherchons tous quelque chose. Nous courrons tous après quelque chose. Pour certains, c’est la réussite financière : devenir milliardaire et pouvoir se la couler douce quelque part. Pour d’autres, c’est l’impact social : changer une situation qu’ils trouvent injuste et permettre à des gens de vivre mieux. Aucun de ces deux objectifs n’est bon ou mauvais. Tout dépend de la personne.
Après quoi courrez-vous? Que recherchez-vous? Qu’est-ce que réussir selon vous? A quel moment pourrez-vous dire “j’ai réussi; j’ai atteint mon objectif”? Est-ce lorsque vous aurez 1 milliard dans votre compte, ou lorsque 1 millions de personnes pourront jouir des bénéfices de votre solution? Définir ce qu’est la réussite pour vous vous permettra d’orienter votre boîte dans la bonne direction, de savoir ce qu’il faut accepter, ce qu’il faut refuser etc.
3- S’entourer des gens meilleurs que soi
J’ai déjà parlé de l’importance de bâtir son équipe avant de lancer sa start-up. Cela se basait, comme la plupart des billets de ce blog, sur mon expérience personnelle. Une start-up ou une entreprise quelconque n’est pas qu’une idée, c’est aussi et surtout l’équipe qui porte l’idée. Il est important de s’entourer de gens meilleurs que soi, du moins dans leurs domaines, afin de pouvoir leur faire confiance et recevoir d’eux des feedbacks déterminants pour la boîte. Travailler avec des gens auxquels vous devez dire comment faire leur job est non seulement une perte de temps, mais aussi une perte d’énergie. A vos débuts, vous n’avez pas besoin de cela. Plus tard, peut-être.
4- Bâtir la solution en collaboration avec la cible
Ceci n’est pas nouveau. De nombreux entrepreneurs le disent : il faut partir de la cible; ne surtout pas s’enfermer chez soi pour fabriquer un produit que vous allez ensuite lui présenter. Ce n’est pas nouveau, mais c’est important de le rappeler. Je suis souvent en contact avec des aspirants entrepreneurs plutôt talentueux dans leur domaine. Chaque fois qu’ils me parlent de leur produit génialissime, je leur demande ce qu’en pense leur cible.
La plupart du temps, la réponse est : “nous attendons d’être prêts pour la lui présenter”. Sauf que ça ne marche pas ainsi. C’est un risque de procéder de la sorte, même si on croit comprendre cette cible, parce qu’on en fait soi-même partie. Il faut toujours aller vers elle et bâtir la solution en collaboration avec elle. Pensez à ce que vous ressentez lorsque des politiques se réunissent pour penser des solutions à ce qu’ils pensent être vos problèmes, et qu’ils ne vous consultent pas avant de le faire.
5- Définir ses priorités : vision, mission, objectifs
Il y a quelques jours, j’ai été invité par Mentorat Club pour parler, lors d’un Live Facebook, de la création d’une start-up : de l’idée au lancement. Mon premier point était : partir de l’idéal qu’on veut créer. C’est cela selon moi la vision. La majeure partie du temps, nous partons de la solution et improvisons pour la suite. Or, c’est la meilleure manière de se perdre en chemin. Soit on est trop attaché à la solution au point de ne pas voir qu’elle n’est pas la meilleure, ou on est obnubilé par l’objectif financier et on finit par se détourner du problème de départ. Dans tous les cas, c’est un gros risque.
Il est important de définir ses priorités pour prendre les bonnes décisions lorsqu’il le faut. Dans mon thread d’hier, j’ai parlé des entrepreneurs expérimentés qui m’ont conseillé de me focaliser sur une activité que j’avais lancée et qui marchait bien, plutôt que de m’entêter à faire marcher quelque chose qui peinait à décoller. J’ai refusé, non pas parce qu’ils avaient tort et que j’avais raison, mais parce que mes priorités, ma vision, mes valeurs ne collaient pas à ce qu’ils me proposaient. Si l’argent faisait partie de mes priorités, je me serais focalisé sans hésiter sur cette solution. Définir ses priorités permet de savoir quoi faire face à ce genre de décisions.
6- Être humble, mais ne surtout pas se sous-estimer
La notion d’humilité n’est pas encore très claire dans l’esprit des gens. On croit souvent qu’être humble, c’est se laisser marcher dessus ou se taire quand des plus compétents, plus diplômés, plus riches parlent. Ce n’est pas le cas. Cela, c’est se sous-estimer. C’est faire montre d’un complexe d’infériorité. Il ne faut jamais tomber dans ce piège.
Peu importe la personne qui se trouve en face de vous, peu importe son expérience, son importance, sa richesse, elle a des choses à vous apprendre, mais vous pouvez aussi en avoir à lui suggérer, voire à lui apprendre. Si vous la mettez sur un piédestal, vous ne le ferez jamais, et vous demeurerez dans la position de la personne qui demande tout et ne donne rien en échange.
J’ai la chance d’échanger avec de très grands entrepreneurs, des gens que je respecte beaucoup et desquels j’apprends énormément. Ils ont plus d’expériences que moi, mais ils viennent souvent me consulter parce qu’ils considèrent que, sur certains points, j’ai un regard plus affûté et une plus grande expérience. C’est un échange bilatéral. Ces gens seront plus enclins à vous aider, vous mentorer, car vous leur apportez aussi de la valeur en retour.

7- Penser “Produit” avant comm & marketing
Un bon produit, même sans communication et marketing, se vendra toujours. Je n’ai jamais vu de publicité pour le sel; oui, le sel qui est un composant indispensable dans la préparation de nos mets. C’est parce que le sel est un bon produit. On sait tous qu’il est indispensable, alors inutile de voir sa pub pour en acheter. C’est ce qu’il faut chercher à atteindre avec son produit.
La communication et le marketing viennent renforcer un bon produit en le faisant connaître à un plus grand monde et en montrant ses attributs. Si le produit est mauvais, même avec les meilleures stratégies com & marketing, il ne se vendra pas. Vous tromperez les gens une fois, peut-être, mais tôt ou tard, vous serez rattrapés par la réalité. Concentrez-vous donc sur le produit et cherchez à avoir le meilleur produit qui soit dans votre domaine.
8- Se méfier des titres honorifiques et de la gloire des médias
C’est toujours avec beaucoup de fierté qu’on se présente en tant CEO, Founder, Entrepreneur. Le problème est qu’un danger accompagne ces titres. On veut tellement parfois y coller, qu’ils nous détournent de l’essentiel. Parce qu’on est CEO de… on commence à snober les gens sur les réseaux sociaux, on s’habille différemment, on veut à tout prix avoir une voiture, parce que… bah, on est CEO, on ne veut traîner qu’avec d’autres CEO, et on oublie que ce titre désigne quelque chose de réel. Vous êtes un CEO si vous savez manager votre équipe et faire grandir votre boîte. Vous n’êtes pas un CEO parce que vous vous habillez en costume et cravate ou en tailleur. Songez-y! Soyez humble.
La gloire des médias est l’autre problème. Elle renforce chez beaucoup d’entrepreneurs le syndrome de l’imposteur, parce que, d’un côté, vous avez la réalité que vous vivez, les galères auxquelles vous faites faces, les challenges que vous devez relever, et de l’autre, des médias qui vous présentent comme un grand entrepreneur, un espoir, une réussite, un expert etc. Le problème est que les gens ignorent votre réalité, car tout ce qu’ils voient, c’est ce que disent les médias. Si vous ne prenez pas suffisamment de recul, vous voudriez coller à cette image, et vous vous perdrez. Ou, pis encore, vous allez vous mettre à angoisser, craignant qu’un jour tout le monde découvre que vous n’étiez rien de ce qu’on disait de vous dans les médias. C’est cela le syndrome de l’imposteur. Méfiez-vous de ce problème, il peut être mortel.
9- Savoir choisir ses partenaires
Lorsqu’on lance une boîte, quelle qu’elle soit, il arrive un moment où il faut travailler avec des partenaires. Habituellement, ce sont des gens qui facilitent votre travail en s’occupant d’une partie de celui-ci. Le problème ici est que vos partenaires ont également leurs priorités et leurs valeurs qui, parfois, peuvent être contraires aux vôtres.
Si vous ne faites pas attention à ce détail lorsque vous les choisissez, votre boîte risque de renvoyer une tout autre image, ou, pis, ces partenaires risquent de profiter de vous parce que vous n’êtes qu’un pion pour eux, alors que vous les considériez comme des collaborateurs. Il est donc important de choisir ses partenaires sur la base de leurs compétences, mais aussi de leurs priorités et valeurs. Il vaut mieux travailler avec une petite boite qui est passionnée par le problème qu’elle veut résoudre, plutôt qu’un grand groupe pour lequel ne compte que la richesse, la gloire, même à votre détriment.
10- Ne surtout pas négliger sa vie personnelle
Très souvent, notre hargne, notre envie de réussir, d’atteindre nos objectifs nous poussent à nous couper de tout au profit de notre boîte. On se dit que l’entrepreneur doit travailler dur, alors on met notre vie personnelle (famille, amis, conjoint) entre parenthèses pour ne faire que ça : bosser dur.
Le problème est que la réussite entrepreneuriale dépend beaucoup du mental. Et parfois, il nous arrive des choses qu’il est tout simplement impossible de vivre seuls. Il nous faut du soutien, des personnes qui vont nous rebooster, des personnes qui croient en nous. Mais ces personnes, il faut leur donner quelque chose en retour. On ne peut pas juste venir vers elles lorsqu’on a besoin d’elles, et prétexter être busy lorsque ce sont elles qui ont besoin de nous. Il faut savoir faire la part des choses, trouver le juste milieu, car ces gens seront toujours là, qu’on réussisse ou échoue. Si possible, il faut les impliquer afin que cette aventure entrepreneuriale soit vécue avec eux. C’est très important!
Voici donc 10 choses parmi toutes celles que j’ai apprises en tant qu’entrepreneur. Ceci est mon regard singulier, mais je pense qu’il est aussi partagé par d’autres entrepreneurs un peu moins bavards. Si vous pensez qu’il y a des choses à ajouter, dites-le en commentaire. Pour ma part, je vous souhaite la plus belle des réussites dans vos affaires… celles légales, j’entends.
Je suis Ibuka Ndjoli, aussi connu sous le nom de Marcus Da Writer, nom par lequel je signe mes œuvres de fiction. Je suis un auteur et entrepreneur, fondateur d’une start-up appelée Kusoma Group qui ambitionne de redynamiser l’édition et démocratiser la lecture. Je partage mes astuces, conseils, découvertes et expériences dans une publication que j’ai nomméeIbuka Sharing





FirstPub 24/09/17


Twitter :@marcusdawriter

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