Le souci de bien parler en public remonte au Romain Cicéron ou à Bossuet sous Louis XIV. Mais ces voix d’or s’exprimaient dans des prétoires ou des églises, pas dans le dernier salon où l’on cause. Parallèlement à
ces puissantes rhétoriques qui ont contribué à charpenter la langue française s’est développé un beau parler alambiqué. Au temps de Molière, il ridiculisa de petits marquis qui rivalisaient de bel esprit chez des précieuses. Aujourd’hui, il contamine des ténors médiatisés du barreau genevois. Le phénomène fait l’objet d’un énième dictionnaire à l’usage des snobs, mais qui a le mérite d’être signé Daniel Lacotte. Un érudit espiègle, auteur déjà de travaux sur des dictons, des «mots canailles», et d’une bio, en 1987, de Danton parue chez Favre, à Lausanne.
Sa nouvelle livraison est tout aussi gouleyante. Au mot mariage, d’aucuns préfèrent celui d’accordailles. Un séducteur est plus joliment désigné par les mots galantinou marjolet. S’il est politicien façon DSK, ou PDG à main trop leste envers des secrétaires, il devient un sardanapale. Et le goujat qui oserait les dénoncer un zoïle… Un discours confus est un amphigouri. Une grenouille de bénitier qui, en plus d’être dévote, est méchante se métamorphose enpunaise de bénitier…
Autant d’expressions éculées, remplacées par de plus simples, souvent issues de l’anglo-américain. Lacotte ne s’en navre pas: «Une langue vivante doit s’enrichir de mots venus d’autres cultures. Mais rien ne l’empêche aussi de puiser dans les merveilles de son patrimoine.»
Source
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Votre avis compte pour nous et nous aide à nous améliorer. N'hésitez donc pas à critiquer.
Bonne lecture